Johanna. Johanna c'est d'abord le type de femme aimante, qui a le coeur bourré d'amour à revendre. C'est sûrement parce qu'elle a été confrontée à la solitude à l'adolescence, d'ailleurs. C'est aussi la femme fragile, sensible et naîve. Du fait qu'elle veuille voir le bon partout, à la façon de Jane Benett, elle gobera tout ce que vous lui direz. Cela ne fait pas d'elle une gourde, ou alors juste un peu. C'est aussi quelqu'un de très attentif à celui qui l'entoure, observatrice, toujours à se torturer l'esprit. Tout ça lui donne l'air d'une rêveuse, avec ses sourcils presque constamment froncés, à tout planifier dans sa tête. Et oui, elle déteste être prise de court. Elle n'aime pas être dépassée, avoir des choses de dernières minutes. Ah non, elle aime que tout soit organisé, si possible même sous ces ordres. Comme ça, elle a l'assurance que tout est comme elle le veut. Perfectionniste, donc. Johanna est aussi quelqu'un de disponible, de serviable et de bonne humeur. Oui, celle-là, elle est souvent au rendez-vous! Bien que son caractère prête aisément à l'innocence et à la bonté, prenez garde. Johanna peut devenir une vraie sorcière si vous lui faîtes du mal. Le pardon n'est pas une chose qu'elle a dans ses filets.

(c)Misery Angel

" On ne peut pas dire que j'ai eu une vie difficile. Mon père est médecin humanitaire et ma mère.. Ma mère je sais pas. Enfin, je savais pas. J'ai grandi seule avec mon père à Chicago, aux Etats-Unis. Financièrement, on ne peut pas dire que j'ai souffert de privations ou d'enfance difficile. J'ai toujours eu ce que je voulais, sans pourtant être gâtée. Mon père m'a appris à mériter chaque chose que j'avais en main, justement parce que durant ses missions, il voyait ce que tout le monde se refuse d'admettre. Alors rapidement, il a commencé à culpabiliser. Culpabiliser de faire partie de cette classe là de la population mondiale, celle classe capitaliste qui ne s'inquiète que de ses profits. Tout ça, il me l'a inculqué. J'ai reçu une éducation très humble et honnête, d'ailleurs tout cela se ressent beaucoup dans mon caractère. Mais toute cette bonté m'a aussi mené à pleurer bien des soirs. Pourquoi? Parce que je suis une idiote. Parce que, dès l'adolescence, on a commencé à me remarquer parce que j'étais plaisante. Parce qu'à cette époque, j'intéressais les garçons. Je n'ai jamais aimé mes années lycée à cause de cela. Certaines filles se font une joie d'être invitées à des soirées, d'avoir l'honneur de parler aux plus beaux garçons mais.. C'est uniquement accessoire, tout ça. Je parle beaucoup, mes paroles sont bien belles, bien encore pures. Je ne suis pas entrée dans cet engrenage-là, non, je l'ai rejeté jusqu'une ultime soirée. Ma première et ma dernière. Celle qui renferme mon secret le plus profond. Celle qui me torture encore aujourd'hui. J'ai bu, pour la première fois, j'ai bu. J'avais dix-sept ans, j'étais " l'inacessible ", " l'intouchable ". La " sainte-nitouche " pour les plus virulentes. Je sais qu'on m'a forcé à boire, je n'ai jamais beaucoup aimé l'alcool. Semi-inconsciente de mes gestes, ma virginité s'est envolée. Pas durant un acte voulu ou amoureux. Non, rien de tout cela. Un acte lâche et violent pendant lequel les vêtements et les coups se perdaient dans mes cris. J'avais dix-sept ans, je rêvais d'amour et de paix, on m'a donné le viol.
" L'enfer a commencé après cette nuit-là. Je me sentais sale, sale, tellement sale. Combien de douches ai-je fais succéder? Avec quelle véracité m'étais-je frotté le corps? Je le sentais partout, je le voyais partout. Je m'en voulais. Mais alors tellement. Pourquoi avais-je accepté cette invitation? N'avais-je pas décliné toutes les autres? Et putain, pourquoi ce verre? Je m'en étais posé des milliers, des comme ça. Je pouvais retracer toute la soirée et ainsi remettre en cause l'ensemble de mes actes. Je ne pouvais pas en parler, je ne voulais pas en parler. Non, j'avais trop de dignité pour cela. C'est à cet instant que des choses ont changé en moi. Sont apparus la solitude, la distance, le silence. Pour moi, toute relation sociale pouvait m'amener à revivre cette nuit. Je veux dire par là que chaque homme représentait pour moi un danger potenciel. Le moindre. Tous. Cette crainte systématique et presque morbide m'a amené à n'avoir eu aucune relation sérieuse et solide.
Et bon sang, j'avais besoin de ma maman. J'avais besoin de quelqu'un de mûre, quelqu'un qui aurait déjà partagé une nuit avec un homme, en toute dignité, sans violence, ni rien. C'est après deux années, à l'âge de dix-neuf ans, que j'entrepris de la retrouver. Mon père avait accepté de me dire ce qu'il savait, bien qu'il l'a regrettait toujours. J'appris qu'elle vivait à Buenos Aires, en Argentine. Que j'avais même été concue là-bas, que mon père y vécut plusieurs années. Son prénom, son nom, sa photo, je les avais. Mais je n'avais pas le pouvoir de la retrouver, c'était certain. Je ne pouvais quitter le sol américain sans avoir terminé mes études. A l'époque, j'entreprenai des études qui me mèneraient à travailler dans l'administration. Aussitôt réussies, je fûs embauchée dans une ONG. Mon travail, c'est la chose qui me passionne le plus. Aider les gens, sentir que tu as contribué à changer une chose dans la vie des plus démunis, c'est la plus belle chose que je puisse faire. Je suis assez fière d'en être arrivée-là. Moi, Johanna Worthington, j'apporte une lueur d'espoir dans la vie des gens. Moi, Johanna Worthington, je vais retrouver ma mère.