(c)Misery Angel

-« Vous me traitez comme si j’étais un cadavre ! Est-ce qu’au moins vous vous en rendez compte ? Vos médecins tout à l’heure, et maintenant vous ! Vous me découpez pour l’autopsie, vous retournez mes tripes sur la table, mais vous oubliez un détail ! Je ressens encore la douleur ! Je suis encore vivante ! »
Ce fut cette jeune femme victime de viol qui changea la vie d’Asher pour toujours. Alors employé par la police locale en qualité d’artiste, il dessinait les portraits-robots d’après les indications des témoins et pensait que ce métier, décroché par relations à vingt-trois ans après des études d’art sans objectif professionnel précis, serait toute sa vie pour les quarante prochaines années. Mais ce soir-là, brusquement, en plein interrogatoire, la lucidité lui vint. Il avait un sentiment de déjà-vu : son esprit avait vécu une expérience semblable alors que ses parents l’emmenaient visiter St-Pierre et Miquelon. La francophonie, la culture française, la cuisine de qualité… Il s’était échappé un instant de cette douce illusion touristique et avait capté l’infinie détresse d’un gamin de son âge qui les regardait passer dans la rue. Cet enfant semblait prisonnier de ce monde gris, plat, désertique, prêt à être englouti par les flots glacés d’un instant à l’autre. Asher ne s’était pas senti très bien. Il était vite revenu à l’euphorie légère de cette visite exotique au-delà du bras de mer, et avait gardé un bon souvenir de son voyage. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes… n’est-ce pas ?

Soudain, c’était la banlieue de Boston qui lui apparaissait dans toute son artificialité. Il n’était qu’un maillon de la chaîne ici, plus inexistant qu’une fourmi ouvrière. Pire, ses actes s’inscrivaient dans une logique qu’il ne cautionnait pas. Il avait vu les personnes engagées dans des procès plus brisées encore que les coupables qu’elles parvenaient à envoyer derrière les barreaux. Qui se souciait de trouver ou d’apporter la paix dans ce monde qui allait trop vite ? Ou ne faisaient-ils tous qu’attendre la mort en se distrayant au moyen de grisantes illusions ? C’était un coup de déprime, mais c’était aussi un coup de fouet. Le lendemain matin, la lettre de démission du jeune homme était sur le bureau de son supérieur. Le soir, il dînait avec ses parents pour leur expliquer son choix, et le lendemain, il partait réaliser son rêve : un tour du Monde. Comme tous ceux qui cherchent le Graal, il se cherchait lui-même, et le hasard voulut qu’il se trouve à Buenos Aires, au karaoké devant un cabaret qui faisait aussi maison close, où il interprétait le tango de Roxanne à deux voix avec une des danseuses. Comme tout s’était déconstruit à Boston, tout se remit en place à cet instant de folie et de rires partagés. Asher avait un peu moins de trente ans. Quelques mois plus tard, à l’hôpital le plus proche, on déposa un bébé dans ses bras en lui annonçant qu’il avait un fils. Ce n’était absolument pas prévu. Il commençait heureusement à se poser, avait quelques ouvertures professionnelles, et c’est sans trop de heurts qu’il éleva l’enfant, seul, ou du moins avec l’aide de ses voisins qui en avaient eux-mêmes une jolie collection.

Aujourd’hui, Tonio a douze ans, cultive le style rasta et rêve de devenir le premier président anarchiste du pays, entre deux matches de foot. Sa petite amie a un an de plus et tient avec ses grandes sœurs une boutique de frites et souvenirs sur la plage, sa tâche étant de collecter les coquillages pour en faire des colliers ; il trouve qu’elle ferait une merveilleuse première dame. Il a rencontré plusieurs fois ses grands-parents qui font le voyage quand ils en ont l’occasion, mais toute sa vie est ici, et c’est un sacré débrouillard qui n’a presque pas besoin de père protecteur pour lui tenir la main et le guider dans la vie. Asher lui laisse la bride lâche de peur de l’étouffer, car il lui sent un tempérament encore plus impulsif, indépendant et nomade que le sien. S’ils semblent à peine apparentés, le gamin ayant beaucoup pris du côté afro-argentin de la famille, ce sont deux grands copains qui passent sans difficultés des heures ensemble, à pêcher au bord de l’eau, à arpenter les zones sauvages ou juste à refaire le monde du fond de leurs hamacs. Tonio a appris à ne jamais regretter à haute voix le fait de n’avoir pas eu de mère. D’ailleurs, une mère d’adoption ou un deuxième père, ça lui serait égal, il aimerait juste qu’Asher trouve quelqu’un ; mais jusqu’à maintenant son père est resté discret sur ses éventuelles aventures, ou peut-être n’en a pas eu. Au moins, quand il dit qu’il va faire du sport toute la matinée, ça ne doit pas être du pipeau, il en ramène les preuves sur lui… Mais certaines soirées, c’est un autre mystère.

En vrai baroudeur, Asher a le teint hâlé pour un nordique, et une vilaine cicatrice qui lui barre la moitié du torse, enfonçant la peau du côté gauche. Pas plus grand que la moyenne, c’est un type athlétique et engageant, qui inspire confiance grâce à son calme et son sourire ; certains de ses amis se moquent de lui en l’appelant « le vieux beau » à cause de ces signes distinctifs, et parce qu’il ne fait pas son âge. En revanche, son visage se plisse aisément d’une multitude de petites rides d’expression. (On ne peut pas dire qu’il prenne soin de son apparence, et il faudra vous lever tôt si vous avez l’intention de lui poser une crème de jour ou de lui administrer une manucure.) Sans être sale ou repoussant, il cultive un style négligé et sera toujours plus heureux, en journée de se balader torse nu que bien habillé ; le climat y est sans doute pour quelque chose car dès le soir tombé, s’il sort, c’est au moins en chemise à manche courtes, ce qui suffit à le mettre à son avantage. Pas de vestes de cuir ou de haut résille même s’il fréquente les boîtes gays, ce n’est pas le genre folle ou extravagant et sa posture ne lance pas des indices et des invitations à tout ce qui bouge. Difficile également de dire qu’il n’aime pas les femmes. Il a des relations extrêmement tendres avec certaines d’entre elles, et il n’a pas non plus de problème avec sa mère, comme dirait Freud. C’est d’ailleurs rare qu’il ait un problème avec quelqu’un. Cela dit, quand ça arrive, c’est du sérieux. Asher a passé l’âge de prendre une attaque à la rigolade ou de se croire supérieur à tout adversaire, au contraire il se montre assez prudent et réfléchi, veillant à mettre toutes les chances de son côté. Avoir un enfant à charge l’a influencé en ce sens.

ζ TON NOM; nooon
ζ TON AGE; nya nya nya XD
ζ COMMENT AS TU DÉCOUVERT RTD?
ζ QUE PENSE TU DU FORUM? Oh moi, je pense pas… Mais l’entête « artistique » est originale, ça change des bannières couvertes de bogosses huilés en slip et sourire colgate.
ζ TA DISPONIBILITÉ j/7 En période scolaire, ça dépend : devoirs ou pas devoirs, soirée en galante compagnie ou pas soirée… mais plusieurs fois par semaine, j’imagine.
ζ LE GROUPE DE TON PERSO; Je croque la vie à pleines dents !
ζ LE CODE DU RÈGLEMENT; Ok by joyce
ζ AUTRES PRÉCISIONS? plus tard, peut-être.
ζ UN EXEMPLE DE TES RP;


Spoiler: